De la lecture !

veille-pedaPikler, Freinet, Korczak, Ferrière…

Voici quelques uns de ouvrages de notre petite bibliothèque pédagogique :

La Pédagogie active

Au début du 20ème siècle plusieurs pédagogues ont écrit et pensé différemment l’éducation de l’enfant, notamment à l’école, la pédagogie active est donc apparue et devenue une des bases de l’éducation dite « nouvelle ».
Les pédagogues tels que Freinet, Pikler, Korczak et Ferrière ont impulsé ces nouvelles idées plaçant l’enfant au cœur des principes et des idées éducatives.
Freinet a notamment expliqué que l’acquisition devait se faire par tâtonnement expérimental et par une démarche naturelle, plutôt que par un processus d’explication des règles et des lois où l’on demande à l’enfant de tout simplement obéir.

Certains pédagogues comme Freinet, ont donc défendu une pédagogie autre que celle de la « transmission » qui était utilisée auparavant.
Leurs idées s’accordent donc majoritairement vers cette phrase de Freinet : « Il s’agit de laisser les enfants émettre leurs propres hypothèses, faire leurs propres découvertes, éventuellement constater et admettre leurs échecs mais aussi parvenir à de belles réussites dont ils peuvent se sentir les vrais auteurs » .

Il faut rappeler que cette pédagogie nouvelle a tout d’abord été instaurée dans les écoles. Emmi Pikler, qui a travaillé dans une pouponnière avec des enfants orphelins, a prôné l’idée selon laquelle l’enfant a des capacités qui ne demandent qu’à éclore. C’est elle qui a mis en avant l’importance de la motricité libre, de l’activité spontanée du jeune enfant et de la délimitation d’espaces rythmant le quotidien de l’enfant (salle de change, dortoir etc.).

Aujourd’hui, beaucoup de professionnels de la petite enfance suivent cette pédagogie, ou plutôt s’en inspirent à plus ou moins grande échelle (car nous sommes face à des enfants ayant un développement dit « normal »).
À la Chouine, nous travaillons en suivant des lignes pédagogiques et éducatives communes selon lesquelles nous pensons que :

l’enfant est acteur de son développement émotionnel, intellectuel et moteur ;
les apprentissages se font par le tâtonnement, les essais, la réussite mais aussi l’échec ;
l’enfant peut exercer toutes ses capacités dans un environnement adapté à ses besoins et ses intérêts.

C’est pourquoi nous essayons, ici, de penser constamment à un aménagement de l’espace qui puisse aider l’enfant à être le plus possible acteur de son développement, nous pensons que cela contribue beaucoup à son épanouissement et à la qualité de sa construction psychique et motrice. Nous pensons que le sociologue Durkheim voit juste lorsqu’il dit que « la pédagogie est la théorie pratique de l’éducation ».
Nous essayons de faciliter la découverte des objets et de tout ce qui entoure l’enfant en sécurisant l’espace un maximum, en mettant les jouets à sa hauteur et en ayant, par exemple, du mobilier adapté à sa taille et sa force physique.

C’est notamment par l’aménagement de l’espace que l’enfant pourra acquérir davantage d’autonomie dans son quotidien.

La pédagogie active en fonction de l’âge

Comme l’enfant entre 8 mois et 3 ans change et grandit énormément, les principes de la pédagogie se déploient de manière différente au fur et à mesure du temps, mais toujours dans le même but.

Dans le groupe des petits, l’enfant est globalement dans une phase de développement où la motricité est prégnante. La pédagogie active que nous appliquons va donc être davantage axée sur ce point. Nous n’asseyons pas un enfant qui ne sait pas le faire tout seul, nous ne mettons pas un enfant sur un cheval à bascule s’il ne sait pas le faire lui-même, ou encore nous ne faisons pas marcher un enfant en lui tenant les mains s’il ne sait pas marcher tout seul.
Nous tentons plutôt de faire en sorte que son environnement matériel soit adapté (meuble à sa hauteur pour se relever, tapis de sol confortable pour apprendre à se retourner), et nous accompagnons beaucoup l’enfant pour qu’il développe sa confiance en lui et en ses capacités motrices. En effet, nous pensons qu’il est plus intéressant et rassurant pour l’enfant de se mettre à côté de lui, en lui parlant et en le regardant faire des progrès. Nous l’encourageons afin qu’il prenne conscience qu’il est capable de faire seul. Nous pensons que la satisfaction qu’a l’enfant lorsqu’il parvient à faire quelque chose par ses propres moyens est bien plus exaltante que si on le fait à sa place.
Quand l’enfant grandit, les acquisitions motrices sont moins spectaculaires mais elles existent toujours : l’enfant apprend à sauter du haut d’une marche, il développe plus profondément ses capacités, mais aussi ses limites (si je saute de là, je ne saurai pas me rattraper, etc.).

L’enfant développe ensuite plus intensément le langage. Là aussi, nous tentons, avec du matériel et une attitude adaptés, de faire en sorte que l’enfant prenne du plaisir à découvrir cet apprentissage. Les chansons, les livres et le fait de parler clairement et simplement à l’enfant peuvent l’aider à mieux percevoir les sonorités, par exemple. De plus, nous accompagnons l’enfant pour l’aider à utiliser des mots pour exprimer ce qu’il ressent à l’intérieur, ce qui n’est pas toujours très simple. Nous expliquons à l’enfant qu’il peut essayer de dire ce qui ne va pas, même s’il ne sait pas encore très bien parler. Nous accordons une place importante au sens des mots (ne pas promettre à l’enfant quelque chose que l’on ne va pas faire, ou encore parler à l’enfant de lui-même en disant « tu, toi » plutôt que « Valentin va enlever ses chaussures »). Pour nous, toutes ces petites attentions permettent à l’enfant d’accéder plus facilement au « je », et à construire son identité plus clairement et harmonieusement.

Parallèlement, pendant tout le temps où l’enfant est à la crèche, il acquiert petit à petit davantage d’autonomie. Nous n’encourageons pas cette autonomie pour le confort de l’adulte ni ne fixons des objectifs précis en fonction de l’âge de l’enfant (par exemple : à 2 ans, l’enfant doit absolument se déshabiller seul).
Nous travaillons plutôt dans le sens où nous souhaitons que l’enfant prenne du plaisir et soit satisfait de réaliser les choses seul. Il doit y trouver un intérêt, autrement il ne fera pas les choses avec envie et plaisir.
De plus, chaque enfant évolue à son rythme et l’autonomie est étroitement liée aux capacités physiques et psychiques. Elle est aussi sous l’influence d’éléments extérieurs que nous tentons de prendre en compte (ex : si un enfant régresse un peu en ce moment et demande beaucoup l’aide des adultes, c’est sûrement parce qu’une petite sœur est née ou encore parce qu’il est malade ou bien encore parce qu’ il a beaucoup progressé pour le langage ces derniers temps et donc il ne peut pas progresser dans tout en même temps…).
L’autonomie se décline notamment lors du change (ex : s’essuyer tout seul quand il va aux WC, participer à mettre la couche), des repas (ex : manger seul, se nettoyer la bouche etc.), du temps de sieste (le laisser s’endormir comme il le souhaite sans créer d’habitudes nouvelles en le berçant par exemple).

Vers 2-3 ans, les enfants accèdent aux jeux d’imitation (poupées, dînette, garage etc.) dits symboliques. La pédagogie active se caractérise alors dans le fait de mettre à disposition des coins clairement séparés pour que l’enfant puisse facilement identifier dans quel type de jeu symbolique il se trouve. Nous mettons donc du matériel adapté et sécurisé à sa disposition.

La pédagogie active prend surtout tout son sens dans l’attitude que l’adulte a envers l’enfant. En effet, le principe est de laisser l’enfant jouer seul et en intervenant le moins possible. L’enfant joue, l’adulte reste à côté, ce qui est très rassurant pour l’enfant. L’adulte ne commence pas à impulser une histoire (ex : « Tiens, on fait des tartes ? » ou encore « On coiffe les poupées ? »). L’imagination de l’enfant doit pouvoir se développer librement, car c’est une étape importante de son évolution intellectuelle notamment. Il va expérimenter, se raconter des choses, imaginer, se créer un univers où il est seul maître à bord, libre de décider ce qui s’y passera.

Peu à peu, vers 3-4 ans, quand ces expérimentations faites seul auront été enrichissantes, l’enfant pourra commencer à jouer avec un autre enfant. Avant cela, à la crèche notamment, les enfants ne jouent pas réellement ensemble, mais plutôt l’un à côté de l’autre, ce qui est déjà une première étape.

Le jeu libre, c’est-à-dire quand l’adulte ne propose pas d’activités encadrées et que les enfants jouent avec les jouets à disposition dans la salle, est une part très importante de la pédagogie active. En effet, les pédagogue cités au début appuient sur l’importance de ces temps où l’enfant peut imaginer, rêver, s’ennuyer, aller prendre ce qu’il veut.

De plus, l’éveil sensoriel, le travail de la main et ensuite la précision du geste sont des axes que nous nous efforçons de soutenir chez l’enfant pendant toute la période où il est à la crèche.
Nous nous adaptons aux capacités motrices de l’enfant pour, au fur et à mesure, parvenir à des activités de plus en plus complexes en termes de raisonnement et de logique.